La marqueterie est la partie décorative du meuble. A partir d’un dessin ou d’un motif, elle est réalisée avec des placages de bois sur le meuble.
Le support ou bâti du meuble sur lequel est collé la marqueterie varie de dimension suivant les conditions dans lesquelles il est entreposé (chaleur, humidité ambiante, soleil, ..).
Le bâti est constitué de panneaux de bois souvent de forte épaisseur et pas toujours bien choisis (nœud, aubier, …). Avec le temps, et parce que le bois est un matériau poreux, l’eau constituante migre et s’évapore. Ce phénomène est proportionnel à l’épaisseur et à la surface du bois considéré ; plus le bois est épais, plus la déformation sera grande.
A sa surface, la marqueterie, la colle et le vernis sont donc soumis à de fortes tensions. Le placage, qui a tendance à rester stable de par sa faible épaisseur et son hétérogénéité, s’oppose à cette variation de dimension. Aux mouvements du bois qui engendrent fentes dans le bâti, déchirures et décollements sur la marqueterie, s’ajoute l’altération due à la lumière.
Quand une marqueterie est trop altérée, il convient de la déposer pour intervenir sur le support et le stabiliser, changer l’adhésif, remettre à niveau les éléments de placage, pallier les lacunes.
Détail d’un côté de commode d’époque Louis XV en marqueterie estampillée Jean-Charles ELLAUME, reçu maître en 1754.
Après avoir saturé en humidité la vieille colle, puis en la réchauffant, on arrive à décoller en un seul tenant tous les placages et ce, de façon homogène même avec les placages les plus fins. En effet, aujourd’hui, la marqueterie n’est plus considérée comme un assemblage de morceaux indépendants de placages collés sur un support, mais comme un revêtement mince continu, hétérogène, à base le plus souvent de bois d épaisseurs, nuances et d’orientations différentes. Après la dépose, la marqueterie, de par sa faible épaisseur, retrouve naturellement son équilibre hygrométrique.
Vue et détail du contre-parement (l’envers) de la marqueterie déposée.
Une fois la marqueterie déposée, les dommages sur le bâti sont restaurés. Les fentes sont bouchées, les faiblesses structurelles sont renforcées et stabilisées. Ce travail est très important bien que complètement invisible une fois le meuble restauré. En effet, un bon travail de restauration sur le bâti prolonge la durée de vie d’un meuble.
Vue du côté enduit et détail après ponçage de l’excédent d’enduit.
La fente est restaurée et le côté est prêt à recevoir la marqueterie.
Elle permet d’intervenir sur l’envers de la marqueterie où les différences d’épaisseurs du placage ainsi que les traces de sciage grossier seront compensées par les mêmes enduits que ceux utilisés pour le support. Cette remise à niveau se fait sur une plaque ou un moule si le support est galbé. Un collage provisoire est donc nécessaire pour permettre une manipulation de la marqueterie sans la détériorer. Les enduits de rebouchage doivent être réversibles et souples. Ils compenseront les déformations, trous et différences d'épaisseur sur le support et sur l’envers de la marqueterie. Ainsi, l’épaisseur du film de colle pourra être limitée au stricte minimum. La remise à niveau est très importante car elle évite un ponçage excessif de la marqueterie.
Vue du côté enduit et détail après ponçage de l’excédent d’enduit.
L'étape collante de la colle, c’est à dire son passage de l’état de solution à l’état de gel ne doit pas être trop longue pour éviter une déshydratation de la colle ni trop court pour permettre à la nouvelle colle de migrer à nouveau dans le bois. Les colles sont les mêmes que celles utilisées au XVIIIème siècle et de ce fait sont réversibles; il s'agit d'un mélange de colle d'os et de nerfs chauffé au bain-marie. Cette technique spectaculaire de la dépose de marqueteries (on "déshabille" un meuble de ses placages) présente des avantages indéniables : Elimination et remplacement des anciennes colles. Stabilisation du meuble dans son ensemble. Rapidité de l’opération. La marqueterie retrouve sa consistance d’origine tout en conservant au maximum les éléments d’origine. La surface à vernir est "de niveau", ce qui empêche un ponçage excessif.
Avant / après restauration
Les vernis ont pour buts principaux de protéger les bois contre l’action de l’air et de l’eau, ainsi que de les embellir, en faisant valoir la richesse de leurs veinages et de leurs coloris. Le polissage au tampon et à la gomme laque s’effectue en trois étapes:
Après un finition parfaite, les pores du bois sont remplis à la poudre de pierre ponce avec un tampon légèrement imprégné d?alcool afin que le vernis soit ensuite régulièrement absorbé. Cette opération sera reconduite plusieurs fois jusqu’à ce que le bois soit complètement uni.
Le vernis utilisé est de la gomme laque dissoute dans de l’alcool: l’alcool, très volatil, s'évapore au séchage, tandis qu'au contact de l’air la gomme laque durcit sur les parties où elle est appliquée. Lentement, le passage des tamponnées recouvre le bois d’une mince pellicule de vernis et progressivement, le brillant apparaît. Plusieurs "charges de vernis" sont nécessaires et sont entrecoupées de période de repos pour laisser "tirer" le vernis. Afin de faciliter le glissement du tampon sur la surface à vernir, on met sur la toile du tampon un peu d’huile. Cette addition d’huile doit être faite judicieusement, et la qualité du vernis en dépend.
Cette opération a pour but d’éliminer l’huile qui a été mise pour faciliter le travail du tampon. Avec un tampon neuf exempt de vernis et avec très peu d'alcool, on retravaille le vernis jusqu’à ce que les traces d'huile disparaissent. Finalement, le vernis doit apparaître comme une glace et aucun autre procédé ne peut l'égaler comme finesse. L'éclaircissage est une opération très délicate, qui malmenée, est susceptible de détruire tout le travail de polissage…
Une bonne conservation a pour but de maintenir les meubles ou tout autre objet d'art dans le meilleur état possible et d'éviter ainsi des restaurations trop fréquentes.
La chaleur du local doit être de 18 à 20 degrés; on tolère des variations de l’ordre de 5%. La stabilité de la température est encore plus importante que le degré lui-même. Il faut toujours éloigner une oeuvre fragile d'une source de chaleur, surtout desséchante, comme l’est un radiateur. Le taux d’humidité dans l’air est appelé HR (Humidité Relative). Il doit se situer entre 50 et 60 %. On peut faire la même remarque que pour la température: un brusque dessèchement de l'atmosphère ou une arrivée soudaine d’humidité sont des phénomènes désastreux pour les meubles.
La lumière naturelle ou artificielle peut avoir des effets néfastes pour les meubles. Ce sont surtout les rayonnements ultraviolets et infrarouges (invisibles tous les deux) qui sont les plus dangereux. En effet, il provoque des élévations de température, ce qui se rapporte aux dégradations par la chaleur. Il faut préciser que les lumières artificielles produisent des rayonnements ultraviolets et infrarouges et que nos habitudes modernes, par de forts éclairages souvent directs, sont dangereuses. D'une manière générale, pour l’éclairage des oeuvres d’art, il faut préférer la lumière diffuse aux rampes lumineuses et aux spots.
Ces règles découlent en partie du bon sens, mais sont néanmoins importantes quant à la conservation optimale des meubles et autres objets d’art.
Au XVIII° siècle, il existe toute une hiérarchie d’artisans du meuble sur laquelle la corporation des menuisiers ébénistes exerce plus ou moins d’autorité. Au sommet se situent les maîtres qui, après leurs années d’apprentissages et de compagnonnage, ont réussi leur chef-d'œuvre et obtenu leur lettre de maîtrise.
Les maîtres sont tenus d’estampiller de leur nom les travaux qu’ils exécutent. Choisis parmi eux, les jurés de la corporation ont pour mission de vérifier régulièrement la qualité de leurs ouvrages et d’y apposer le poinçon "JME" (jurande des menuisiers ébénistes).
Ces statuts ont été promulgués en 1743 sous le règne de Louis XV. Ils disparaîtront définitivement en 1789 avec la suppression du système corporatif.
Estampille de Gilles JOUBERT, suivie du poinçon JME.